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Aspirante policière Diane Bossé à l’IPQ, 1976-1977
Logo de la mascotte Préventionix, 1978
Poste de police à l’Étape, 1965
Équipement des techniciens en explosifs, 2000
Commémoration du jour du Souvenir, 2016
Lauréat Couture, 1920
Poste de police à Bourlamaque, 1937
Emblème de 1983

Le caporal Marcel Lemay (matricule 7223), de la Sûreté du Québec, est tué en service (homicide)

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Commémoration de nos policiers morts en devoir

Au tournant du 19e siècle, les grandes révolutions citoyennes provoquent des changements majeurs au sein des sociétés occidentales. L’apparition des armées citoyennes et du concept de nation bouleverse la représentation conceptuelle du soldat dans les pays occidentaux. La reconnaissance du sacrifice du citoyen-soldat commence alors à prendre le dessus sur la valorisation des généraux illustres. L’hommage offert aux soldats disparus devient ainsi un élément important dans la formation d’une identité nationale puisqu’il commémore le sacrifice offert par les citoyens pour protéger le pays. C’est l’expression du deuil collectif de la nation.

De nombreux monuments sont érigés et des journées commémoratives sont promulguées. Ces manifestations commémoratives permettent aux anciens combattants de se souvenir et de rendre hommage à leurs anciens camarades de combat ayant donné leur vie pour la protection de la population.

Ces us et coutumes s’implantent tranquillement chez les forces policières au début du 20
e siècle. Le danger associé au travail des policiers et la culture paramilitaire inhérente à la fonction policière favorisent l’essor de cette tradition à la Police provinciale. L’évolution de cet usage contribue non seulement à la formation d’un esprit de corps au sein même de l’organisation, mais également entre les différentes forces constabulaires de la province. C’est l’expression du deuil collectif des policiers.

Les premières mentions au sujet d’honneurs funèbres rendus aux policiers de la Sûreté du Québec font état de la tenue de funérailles officielles dites « civiques » (civiles). À partir des années 1930, d’imposants cortèges funèbres sont formés afin de souligner le sacrifice des policiers décédés en devoir. Ces cortèges sont habituellement composés d’un fort contingent de policiers provinciaux, mais également de représentants de plusieurs corps de police et parfois même de représentants d’autres entités similaires, telles que des services d’incendie ou des corps d’armée. Le cortège se voit souvent accompagné d’objets personnels évoquant la carrière du défunt au sein du corps de police provincial. En effet, plusieurs pièces d’équipements symboliques sont utilisées en ce sens, telles que le képi, les gants ou les bottes de policiers de la route, ou encore le casque à pointe
Wolsley. Dans le cas du décès d’un policier de la route, la motocyclette du défunt prend également une place prépondérante dans le cortège.

Bien que ce type de funérailles honore le défunt dans l’immédiat, au fil du temps et à l’extérieur du cercle familial, celui-ci risque de sombrer dans l’oubli le plus complet. Pour remédier à la situation, la Sûreté du Québec inaugure, en mai 1973, son premier monument commémoratif pour ses policiers tués en service. Il s’agit d’un tableau d’honneur situé dans le hall d’entrée du Grand quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal. Malheureusement, les nombreuses réfections du hall d’entrée réalisées au fil du temps ont mené à la modification du tableau d’honneur et, ultimement, à son retrait, dans les années 1990. Il est à noter qu’un tableau d’honneur plus modeste a également été érigé au quartier général de Québec dans les années 1980-1990.

En juin 1986, sous le directeur général Jacques Beaudoin, on décide de planter 13 chênes sur le terrain du Grand quartier général, à Montréal. Chacun des chênes commémore le sacrifice d’un policier de l’organisation tué en service (homicide) ou de façon héroïque. Par ce geste, l’organisation veut rendre un hommage vivant et tangible à ces policiers. Un quatorzième chêne est ajouté au début des années 1990 pour commémorer le décès du caporal Marcel Lemay lors des événements de juillet 1990, survenus à Oka. Encore une fois, le temps et les rénovations extérieures contribuent à dépersonnaliser les chênes commémoratifs et faire tomber dans l’oubli leur raison d’être.

À partir du milieu des années 1980, la Sûreté du Québec cherche une solution permanente pour honorer tous ses morts occupationnels. En 1994, l’organisation inaugure en ce sens un jardin hommage. Érigé dans l’arboretum du Jardin botanique de Montréal, et plus précisément dans la chênaie, il honore la mémoire des policiers de la Sûreté du Québec décédés en devoir, et ce, peu importe les circonstances. C’est la première fois que les décès accidentels sont inclus au cénotaphe de l’organisation.

Beaucoup plus élaboré que les installations qui l’ont précédé, le cénotaphe du Jardin botanique de Montréal intègre plusieurs éléments symbolisant la Sûreté du Québec et la vie du policier. Dans un document remis lors de l’inauguration, le Jardin hommage est décrit comme suit :

« Le Jardin hommage est érigé au pied d’un chêne imposant à triple ramifications [
sic] et en face de trois autres chênes pédonculés fastigiés. À la tête du Jardin, un aménagement de 14 arbustes rappelle les 14 chênes plantés autour du grand quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal.

Situé dans la partie nord du Jardin botanique, on accède au Jardin hommage de la Sûreté du Québec par un imposant portail ou arche en acier inoxydable. Ce matériau, à la fois noble et moderne, est solide et durable […]. D’une hauteur de plus de quatre mètres, l’arche donne accès au site et inspire un caractère grandiose au Jardin hommage.

Pour se rendre à la tête du Jardin, on emprunte un sentier formé de douze pierres semi-polies de granite, symbole du cheminement de la vie, du temps […] et des grandes étapes de l’histoire de la Sûreté du Québec. Un axe perpendiculaire qui coupe le sentier […] suggère l’arrivée d’événements inattendus de la vie dans l’exercice de la fonction policière.

On accède ensuite à la tête du cénotaphe où sont regroupées trois (3) pierres en granite surélevées à la surface polie. La plus imposante, haute d’environ un mètre, renferme l’urne funéraire métallique et […] porte l’inscription ILS ONT DONNÉ LEUR VIE. Elle renferme le nom de tous les membres policiers et civils tués de façon violente dans l’accomplissement du mandat de la Sûreté du Québec. »

Pour garder le Jardin hommage vivant, le directeur général et son état-major font une visite annuelle et un jour du Souvenir de la Sûreté du Québec est proclamé.

Le 20 juin 2006, après des négociations avec l’École nationale de police du Québec, le cénotaphe du Jardin hommage de la Sûreté du Québec est déménagé sur le terrain de l’École. Selon le directeur général de l’époque, monsieur Normand Proulx, ce nouvel emplacement du cénotaphe de la Sûreté du Québec en facilitera l’accès aux familles et aux confrères voulant rendre hommage aux personnes défuntes.

Un lieu de recueillement pour tous les policiers : le cas du Québec et celui du Canada

À partir des années 1980, le projet d’ériger un cénotaphe pour l’ensemble des membres des forces policières québécoises morts en devoir voit le jour. L’hésitation entre le terrain de l’Institut de police du Québec et la colline parlementaire comme site d’érection, les questions de financement et les différentes modalités entourant le projet en retardent l’aboutissement. C’est finalement le 8 novembre 1991 qu’on dévoile le premier cénotaphe dédié à l’ensemble des policiers québécois morts en service. Don de la 171e promotion de l’Institut de police du Québec, le monument est finalement érigé sur le terrain de l’école. L’Institut décrète également une journée du souvenir dans le cadre de la Semaine de la police pour rendre hommage annuellement aux policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions.

Le 14 mai 2007, presque un an après le déménagement du Jardin hommage de la Sûreté du Québec sur le terrain de l’École nationale de police du Québec, c’est le cénotaphe conjoint de l’Association des directeurs de police du Québec et du Service de police de la Ville de Montréal qui y prend place. Le même jour, on célèbre également la première cérémonie consacrée à la mémoire de tous les policiers québécois décédés dans l’exercice de leurs fonctions. La Sûreté du Québec et plusieurs autres corps de police participent annuellement à cette cérémonie. L’ajout du nouveau monument et la célébration annuelle d’une telle cérémonie consacrent alors l’École comme le lieu où tous les policiers québécois peuvent se recueillir à la mémoire de leurs collègues.

En 2022, en plus des cénotaphes précédemment cités, le site commémoratif de l’École nationale de police du Québec comprend le cénotaphe de la Gendarmerie royale du Canada ainsi que le cénotaphe des corps de police autochtones.

Au fédéral, une cérémonie commémorative annuelle est célébrée sur la colline parlementaire, à Ottawa, depuis 1978. Consacrée à l’origine à tous les policiers canadiens abattus en service, elle inclut, depuis 1995, l’ensemble des agents de la paix décédés en fonction. En 1998, le gouvernement canadien proclame le dernier dimanche du mois de septembre Jour commémoratif national des policiers et des agents de la paix. Vingt ans après sa création, la cérémonie commémorative devient dès lors une journée nationale officielle au Canada. Comme elle le fait à la cérémonie commémorative québécoise qui se tient à l’École nationale de police du Québec, la Sûreté du Québec participe chaque année à la cérémonie fédérale à Ottawa.

Pour immortaliser le nom des policiers du Canada morts en devoir, le projet d’un pavillon commémoratif est entamé au début des années 1990. C’est en 1994 qu’on inaugure le nouveau Pavillon commémoratif canadien des policiers décédés en service. Ce monument est composé d’un pavillon d’été et d’un cénotaphe où se retrouve le nom de tous les policiers canadiens qui ont donné leur vie dans le cadre de leurs fonctions.

La mise en place d’un lieu commémoratif pancanadien situé sur la colline parlementaire et la proclamation du Jour commémoratif national des policiers et des agents de la paix consacrent le Pavillon commémoratif canadien des policiers décédés en service comme le lieu où tous les policiers canadiens peuvent se recueillir à la mémoire de leurs collègues.

Que ce soit par un cortège funéraire, un tableau d’honneur, un cénotaphe ou une cérémonie de commémoration, l’importance de souligner le sacrifice des policiers qui ont donné leur vie pour protéger les citoyens est ancrée au sein de la Sûreté du Québec. L’organisation participe non seulement aux cérémonies commémoratives québécoises et canadiennes, mais se joint également à d’autres corps de police lors d’événements tragiques dans d’autres provinces ou même aux États-Unis. C’est l’expression du deuil collectif des membres de la Sûreté du Québec.


ILS ONT DONNÉ LEUR VIE

1874 – Thomas Dobbin
1875 – George Clarke
1877 – Lazare Doré
1933 – Joseph Lafleur
1936 – Bernard Juneau
1937 – Léopold Châteauneuf
1937 – Émile Perras
1940 – Gérard Bouchard
1940 – Gérard Bourgeault
1940 – Roland W. J. Allen
1941 – Ovila Roy
1946 – Charlemagne Bouchard
1954 – Robert Lévesque
1954 – Fabien Galipeault
1955 – Florian Poirier
1958 – Jean-Davila Lévesque
1958 – Roger Beaupré
1960 – Émilia Nadeau (Morel)
1960 – Lucien Danis
1960 – Jean-Marc Godmer
1961 – Gérard Richard
1961 – Gérard Bernier
1961 – Fredeau Simard
1962 – Roger Robidoux
1962 – Marius Trépanier
1963 – Philippe Mailhot
1963 – Émile Lachance
1964 – David Chénard
1965 – Guy Renaud
1965 – Georges Hélie
1966 – Claude Guay
1968 – Ghislain Martineau
1968 – André Duhaime
1968 – Alain Falardeau
1969 – Robert Dumas
1973 – Marc-André Gagnon
1973 – Richard Mérette
1973 – Normand Tremblay
1976 – Michel Bédard
1976 – Gérald Desfossés
1977 – Bernard Brassard
1977 – Robert Brabant
1977 – Guy Samson
1980 – Gilles Lamarre
1980 – André Simard
1981 – Serge Lamy
1981 – Jacques Martin
1982 – Laurier Bédard
1983 – Richard Dubé
1986 – Jacques Hamel
1986 – Dany Tremblay
1988 – Rolland Larochelle
1988 – Gaétan Boutin
1988 – Mario Camiré
1988 – Richard Rochefort
1990 – Marcel Lemay
1990 – Jean-Claude Cadieux
1992 – Chantal Mattio
1993 – Georges Doneys
1993 – Gaston Paradis
1994 – Stéphane Roy
2002 – Antonio Arseneault
2003 – Patrick Lévesque
2010 – Sébastien Coghlan-Goyette
2012 – Katia Hadouchi
2012 – Donovan Lagrange
2016 – Jacques Ostigny
2023 – Maureen Breau


François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2023

Musée de la Sûreté provinciale

Jusqu’au tout début des années 1960, le Quartier général de la Division de Québec, situé au 300, boulevard Saint-Cyrille, était reconnu pour abriter une exposition d’objets plutôt inusités. C’est à la demande du chef divisionnaire, le lieutenant-colonel Léon Lambert, qu’une section du corridor du rez-de-chaussée du bâtiment est aménagée en véritable cabinet de curiosités.

Le quartier-maître de l’époque, le lieutenant Rosaire Drolet, se voit donc confier la tâche monumentale de regrouper et d’exposer une collection rassemblant d’authentiques pièces à conviction. On y retrouve, entre autres, des armes à feu, des couteaux, des gourdins, des haches et même un lot d’objets récupérés lors d’une « descente » dans une fumerie d’opium, de la fausse monnaie et des machines à sous saisies lors du démantèlement de salons de jeux clandestins.

Certains de ces éléments sont reliés à des enquêtes bien connues du public. Il y a les objets ayant servi à infliger des sévices à Aurore Gagnon « l’enfant martyre », décédée en 1920. On y retrouve aussi la réplique de la bombe à retardement de l’
affaire Albert Guay en 1949, ainsi qu’une trentaine de cordes de pendaison, dont celle de la dernière femme pendue au Canada, le 9 janvier 1953. Bref, ce lot d’objets représente de nombreuses enquêtes régionales effectuées par la division entre 1870 et 1961.

Malgré la place prépondérante donnée aux pièces à conviction dans l’exposition, le musée exhibait également une quantité non négligeable d’objets utilisés par les policiers de la division tels que des pièces d’uniforme, des insignes, des menottes, des matraques et des armes à feu de service.

Or, en 1961, les grandes réformes policières et la centralisation des pouvoirs à Montréal mènent à la fermeture du Quartier général divisionnaire. Le musée est donc démonté, emballé et transporté au nouveau Grand quartier général, alors situé au 360, rue McGill à Montréal. Malheureusement, les boîtes n’y ont jamais été ouvertes… Puis, en 1968, lors de l’occupation officielle de l’actuel Grand quartier général de Montréal, sur la rue Parthenais, les mêmes boîtes sont déménagées à nouveau, sans toutefois soulever de passion. Elles restent scellées et demeurent dans l’oubli général.

Ces boîtes ont été redécouvertes seulement en 1983. La quasi-totalité des traces reliant les objets à leurs crimes respectifs a disparu. Cependant, certaines informations permettent de contextualiser l’origine de ces objets mystérieux. Au total, ce sont environ 300 pièces historiques qui sont parvenues jusqu’à nous, et certaines sont les plus vieilles de la Collection patrimoniale de la Sûreté du Québec.

Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020

La formation policière à la Sûreté du Québec

Les années 1960 marquent le début de la professionnalisation du métier de policier à la Sûreté provinciale. Si la formation occupe une place prépondérante dans ce processus, elle n’était pas totalement inexistante auparavant. En effet, dès la création de l’organisation, en 1870, une formation que l’on pourrait qualifier de « continue » est imposée aux gendarmes. On parle ici d’entraînement physique ainsi que de formation à la marche militaire et au tir au pistolet. Les façons de faire des policiers sont également abordées. Puisque cet enseignement est donné uniquement aux policiers déjà en fonction et au gré des disponibilités de ceux-ci, des lacunes dans le travail policier liées au manque de formation apparaissent au fil du temps. Ce n’est qu’à partir des années 1930 qu’on tente de trouver une solution à ce problème.

Écoles policières de Québec et de Montréal

En 1934, le nouveau chef de la Division de Québec de la Police provinciale, le lieutenant-colonel Léon Lambert, en poste depuis 1932, s’attaque au problème en créant des cours de criminologie pour bonifier les connaissances de ses hommes. Ce faisant, Léon Lambert veut montrer au gouvernement québécois l’importance de la formation pour le travail policier ainsi que les avantages d'investir dans cette voie.

Pendant quatre ans, le statu quo persiste au Québec. Plusieurs cours temporaires d’exercices, de français, d’anglais, de premiers soins et de droit criminel sont donnés pendant cette période, mais aucune école policière permanente n’est mise sur pied. Plusieurs années de discussions sont donc nécessaires avant d’aboutir, en 1939, à la création des premières écoles policières pour la Sûreté provinciale.

Le 9 janvier 1939 sont enfin inaugurées les Écoles policières de Québec et de Montréal. Celles-ci ont pour mandat d’offrir la formation continue aux policiers déjà en service et de former les nouvelles recrues de la Sûreté provinciale. Bien que ces écoles soient dirigées par la Sûreté provinciale, elles sont également ouvertes aux corps de police municipaux qui désirent y envoyer leurs policiers. Plusieurs corps de police municipaux finiront tout de même par créer leur propre école de police.

D’un caractère plutôt éphémère, les Écoles policières de Québec et de Montréal sont basées sur une offre de cours au besoin. Les recrues n’ont donc pas nécessairement accès à une formation de base avant d’entreprendre leur carrière de policier. Par ailleurs, la gestion de l’administration et des aspects pédagogiques est ininterrompue et se fait à même l’organisation. Ces deux écoles sont en activité au sein de la Sûreté provinciale jusqu’en 1961.

École de police du Québec

L’arrivée des libéraux de Jean Lesage au pouvoir en 1960 provoque une vague de changements au sein de la société québécoise et de son gouvernement. Cette révolution sociale n’épargne pas la Sûreté provinciale. Le premier ministre veut moderniser et professionnaliser le corps de police provinciale. Pour ce faire, le gouvernement nomme dès 1960 un nouveau dirigeant pour l’organisation et sanctionne la « Loi concernant la Sûreté provinciale du Québec » en 1961. Celle-ci crée une première école policière permanente pour la Sûreté provinciale : l’École de police du Québec.
Bien qu’elle soit placée sous la gouverne du directeur général de la Sûreté provinciale, l’École offre également ses services de formation professionnelle aux corps de police municipaux qui en font la demande.

Devant l’exiguïté de ses locaux du quartier général de Montréal et l’impossibilité d’y installer l’École de police du Québec, la Sûreté provinciale se met à la recherche d’un endroit pour y établir son école en 1961. La décision du gouvernement Lesage d’aménager les quartiers généraux de la Sûreté provinciale ainsi que l’École de police du Québec dans un nouveau bâtiment érigé sur la rue Fullum pousse l’organisation à chercher une solution temporaire en attendant de pouvoir intégrer ses nouveaux locaux. Malheureusement, le bâtiment devant abriter l’École ne verra jamais le jour.

Après quelques pourparlers avec le propriétaire du Palais des sports, situé au 550, rue Poupart à Montréal, un bail de quatre ans est signé et l’aménagement de l’édifice est entrepris. Devant des problèmes de financement de la part du propriétaire, les travaux sont arrêtés et le gouvernement se voit dans l’obligation d’acheter le bâtiment dans l’état où il est. Les locaux de l’École sont finalement livrés au ministère des Travaux publics le 18 décembre 1961 et l’entraînement des premières recrues commence le 5 janvier 1962.

La Sûreté provinciale ayant un important besoin de policiers à cette époque, le premier responsable de l’École de police du Québec, l’inspecteur-chef Fernand De Miffonis, entreprend la formation de nouvelles recrues dès le 6 mars 1961, et ce, même si l’École ne possède pas de locaux où l’offrir. Pendant les 13 mois que durent la recherche et l’aménagement des locaux de l’École de police du Québec, les installations de la Palestre nationale sont utilisées pour former les cinq premiers contingents de recrues de l’histoire de l’École.

D’abord prévue pour durer trois mois, la formation des recrues est raccourcie à six semaines pour combler les besoins de l’organisation. Elle est par la suite allongée à huit semaines en septembre 1964. Durant leur formation, les recrues touchent à différents sujets de base tels que l’administration, la législation, la police technique et scientifique, l’entraînement physique, le
defendo, les exercices militaires, les premiers soins, la conduite d’une voiture de patrouille ainsi que le tir au pistolet. Une fois ces connaissances de base acquises, les recrues sont assermentées, puis on leur assigne un lieu de travail.

Les premières années d’existence de l’École sont marquées non seulement par le recrutement intensif, mais également par des difficultés d’approvisionnement en uniformes. L’École peine à habiller ses recrues avant leur affectation à un poste de police. En général, les uniformes arrivent tout juste à la dernière journée de cours ou trop tard. Plusieurs contingents doivent donc commencer leur emploi sans uniforme réglementaire. 

L’enseignement fait aussi face à des défis de taille durant les premières années de l’établissement. Le manque d’espace et d’équipement pousse l’École de police du Québec à prioriser l’enseignement magistral au détriment de démonstrations pratiques. Cette situation nuit alors à l’intérêt et à l’apprentissage des recrues, qui ne possèdent pas d’expériences policières pour contextualiser la matière apprise. À partir de 1963, on tente de pallier le problème en créant divers supports audiovisuels.

À partir de 1966, la Sûreté provinciale décide de former des groupes de cadets policiers au sein de son organisation. Le but avoué de ces groupes est d’orienter les jeunes qui sortent de l’école publique vers une carrière de policier. Ces jeunes n’ayant pas l’âge pour devenir policier, l’organisation veut leur permettre d’acquérir une certaine expérience policière avant leur arrivée au sein de la Sûreté provinciale et ainsi s’assurer qu’ils ne choisiront pas une autre carrière. Pour l’État-major, c’est une façon d’investir dans de futures recrues. Bien que les raisons aient légèrement changé avec le temps, la fonction de cadet existe toujours au sein de la Sûreté du Québec.

Malgré sa volonté d’offrir des services de formation professionnelle aux corps de police municipaux, l’École de police du Québec ne deviendra jamais une école pour l’ensemble des policiers de la province. Bien que quelques cours soient donnés aux policiers municipaux, l’exiguïté des locaux ainsi que le manque de disponibilité et d’installations poussent plusieurs corps de police municipaux à conserver leur école de formation.

Institut de police du Québec

Le problème d’hétérogénéité de la formation des policiers au Québec et la difficulté des corps policiers municipaux à avoir accès à des formations à l’École de police du Québec poussent le gouvernement à inclure dans la « Loi de police », sanctionnée le 21 juin 1968, la création d’une nouvelle institution de formation policière : l’Institut de police du Québec.

Héritier du mandat de l’École de police du Québec, l’Institut est cependant mieux outillé pour le remplir. Il n’est maintenant plus soumis à un corps de police, mais directement au ministère de la Justice. Cela lui confère une prestance beaucoup plus universelle et inclusive envers les corps de police municipaux. L’Institut obtient de nouveaux locaux mieux adaptés à sa mission et profite également d’une meilleure situation géographique. Situé à Nicolet, le campus est au centre du Québec ce qui facilite son accès à un plus grand nombre de corps de police.
Le fonctionnement est également modifié. On passe de contingents composés de recrues d’une même appartenance organisationnelle à des cohortes hétéroclites composées de recrues de la Sûreté du Québec et de corps de police municipaux.

Après la fermeture officielle du Séminaire de Nicolet, le 30 mai 1969, le gouvernement du Québec procède à l’achat des lieux et y installe la nouvelle école de formation policière sous l’autorité de son premier directeur général, Maurice Baril. La première cohorte de recrues (29 de la Sûreté du Québec et 40 de corps de police municipaux) investit les lieux dès le 16 juin de la même année. Pour la première fois, on retrouve dans une même cohorte des policiers venus des quatre coins du Québec recevant un entraînement uniforme.

Après 16 semaines de formation, on procède à la remise des diplômes de la première cohorte de l’Institut le 4 octobre 1969, en même temps que l’inauguration officielle du campus. Durant sa première décennie d’existence, l’Institut se forge une solide réputation en matière de formation policière au Québec et à l’international.

Au fil du temps, de plus en plus de municipalités envoient leurs aspirants policiers à l’Institut. Par ailleurs, le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal confie en 1976 ses recrues à l’Institut de police du Québec, ce qui consacre le caractère universel de l’institution en matière de formation policière au Québec.

En 1974, l’Institut de police du Québec signe une entente avec la Direction générale de l’enseignement collégial sur le partage de la formation en techniques policières. Un protocole sur ce même partage est par la suite signé en 1988. Cette répartition des responsabilités intègre dans le réseau collégial québécois l’Institut, qui offre désormais la dernière session du cycle d’études menant au diplôme d’études collégiales. Par ailleurs, l’Institut remet les certificats de réussite de son programme aux 19 premiers cégépiens venus y compléter leur diplôme d’études collégiales en techniques policières le 16 mai 1974.

Essentiellement basées sur un enseignement traditionnel majoritairement paramilitaire, la philosophie et les méthodes d’enseignement de l’Institut sont révisées au courant de l’année 1978. On se tourne alors vers un enseignement fondé sur la simulation et la rétroaction, plus axé sur les relations humaines. La formation de base s’adapte donc à son époque en s’orientant vers le modèle de la police communautaire qui s’implante tranquillement au Québec.

En 1997, l’Institut de police du Québec entame une autre révision majeure de ses techniques d’enseignement. Il adapte alors la formation de base en s’appuyant essentiellement sur une approche expérientielle. Cette façon de faire permet aux aspirants policiers de mettre en pratique leurs connaissances théoriques dans un contexte qui se rapproche de la réalité.

En 1998, le rapport Corbo sur les mécanismes et le fonctionnement du système de déontologie policière est rendu public. Il recommande entre autres la création de l’École nationale de police du Québec pour favoriser la mise en place d’un système intégré provincial de formation policière. Cette recommandation et la révision majeure des techniques d’enseignement entamées en 1997 sont à l’origine de la transformation de l’Institut de police du Québec en École nationale de police du Québec.

École nationale de police du Québec

Le 1
er septembre 2000, l’École nationale de police du Québec se substitue à l’Institut de police du Québec, conformément à la « Loi sur la police » sanctionnée la même année. L’École est alors désignée par cette loi comme maître d’œuvre de la formation policière au Québec et devient un partenaire incontournable pour la Sûreté du Québec.

L’École a pour mission d’assurer la formation initiale dans le domaine de la patrouille-gendarmerie, de l’enquête et de la gestion policière. Elle joue également un rôle-conseil auprès des organisations policières en matière de formation professionnelle et de plans de formation.

En 2001, le gouvernement décide de donner à l’École nationale de police du Québec les moyens de ses ambitions en entamant des travaux d’agrandissement et d’aménagement majeurs sur le campus. Ces travaux comprennent, en plus de la restauration totale du bâtiment de l’ancien Séminaire de Nicolet et des unités d’hébergement existantes, la construction de nouvelles unités d’hébergement, d’un complexe de tir, de pavillons de simulations, d’amphithéâtres multimédias, d’un bassin d’entraînement ainsi que d’un circuit routier. Les travaux se termineront en 2004.

En 2002, on entreprend l’actualisation de la formation de base en y ajoutant une semaine de cours. Les enquêtes, le tir au pistolet et la conduite d’un véhicule d’urgence sont les principales matières bonifiées par cet exercice pédagogique. On augmente également de 600 à 640 le nombre d’aspirants policiers accepté annuellement. Une première formation en ligne est aussi ajoutée en 2009, soit la mise à jour des connaissances des techniciens qualifiés en éthylomètre.

L’École s’engage également à l’échelle internationale. Elle s’associe en 2008 à la Sûreté du Québec et à la Police nationale française pour créer le Réseau international francophone de formation policière (Francopol). En bref, cet organisme veut faciliter la mise en commun des meilleures pratiques policières à travers les organisations de sécurité publique internationales francophones. Le secrétariat général est d’ailleurs installé au Grand quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal.

En 2020, la pandémie de COVID-19 déferle partout sur la planète, y apportant son lot de problèmes et de défis. L’École nationale de police du Québec n’y fait pas exception et doit s’adapter à la réalité pandémique. Règles sanitaires et éclosions la poussent alors à instaurer des tests d’entrée en ligne, à créer de nouvelles formations en mode hybride et à bonifier l’offre de formations en ligne pour minimiser l’impact de la pandémie sur le taux de diplomation des aspirants policiers.

Tout au long de son histoire et jusqu’à aujourd’hui, l’École nationale de police du Québec a su améliorer ses techniques d’enseignement et moderniser ses installations pour devenir le centre névralgique de la formation policière au Québec. Elle a également été en mesure de nouer des partenariats locaux et internationaux grâce auxquels elle participe activement à la recherche en formation policière, se forgeant ainsi une réputation enviable parmi les grandes écoles policières du monde.

Parallèlement à la création de l’École nationale de police du Québec, la Sûreté du Québec entame, en 1997, une réforme globale de la formation continue de son personnel dans le but d’uniformiser et de contrôler la qualité de la formation offerte à ses employés, et ce, en complémentarité de ce qui est offert par l’École. Avant cette réforme, la formation continue était complètement décentralisée, de sorte que chaque besoin était traité à l’échelle locale par des formateurs, selon des méthodes différentes.

« Encore aujourd’hui, en raison de son niveau de service, la Sûreté [du Québec] se doit de développer, en complément de la formation donnée par l’École, ses propres formations à l’interne. Elle doit aussi compléter son offre avec de nombreuses formations policières très spécialisées, et uniquement données au Collège canadien de police, et même dans des institutions spécialisées aux États-Unis et en Europe, de manière à ce qu’elle dispose de toutes les expertises nécessaires pour réaliser sa mission. » (Sûreté du Québec, 2020 : 74)


François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2023

Polygraphes et polygraphie à la Sûreté du Québec

L’idée de déceler un mensonge en détectant la variante de la pression sanguine apparaît dès le 18e siècle dans l’ouvrage romancé de Daniel Defoe (1661?-1731), An effectual scheme for the immediate preventing of street robberies, and suppressing all other disorders of the night, publié en 1731. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, le physiologiste italien Angelo Mosso (1846-1910) expérimente et améliore le pléthysmographe, un appareil scientifique servant à mesurer et enregistrer les changements dans le flux sanguin tout en associant ces variables aux émotions et aux stimuli, comme la peur et les sursauts. Il est donc aisé de comprendre l’origine de l’appellation du « détecteur de mensonges »! 

Il faut attendre les travaux de Leonarde Keeler (1903-1949), considéré comme le père du polygraphe par plusieurs, pour réellement atteindre un horizon de rigueur scientifique. En 1939, il fait breveter le prototype du Keeler Polygraph.

La première unité à utiliser les polygraphes à la Sûreté provinciale est l’Escouade des homicides, de la Division de Montréal. Durant les années 1950, les enquêteurs utilisent le Keeler Polygraph, modèle 302, de la compagnie Associated Research, basée à Chicago, dans l’Illinois. Par la suite vient le B & W Lie Detector
Electronic Psychometer, modèle 7AC, de la compagnie B & W Associates, basée à Michigan City, dans l’Indiana. Ce dernier modèle, plus performant, est utilisé durant les années 1960.

Dans le but avoué de combattre la criminalité avec des moyens plus sophistiqués, la Section de polygraphie, qui est rattachée au Bureau du conseiller en enquêtes criminelles, est officiellement inaugurée en juillet 1976. Le tout premier polygraphiste officiel de la Sûreté du Québec est l’agent John Galianos. Comme il n’existe pas encore d’école de formation au Canada, les connaissances sont acquises à l’Institut de polygraphie Keeler de Chicago. Entre 1976 et 1995, les spécialistes utilisent le Factfinder, un produit de haute qualité de la Lafayette Instrument Company, basée en Indiana.

Une épreuve polygraphique se divise habituellement en trois phases distinctes. Au départ, il y a l’entrevue préliminaire avec le sujet, où il est question de ses antécédents physiques et psychologiques, ainsi que de sa condition intellectuelle, du fonctionnement de l’appareil et, finalement, de la signature du formulaire d’acceptation volontaire. Initialement, cette période est prévue pour réduire l’anxiété du sujet et démontrer qu’il est apte à passer le test.

Vient ensuite l’étape du test polygraphique, se déroulant seul à seul entre le sujet et le polygraphiste. Une série de questions est posée au sujet, incluant des questions générales (nom, âge, adresse, métier), ainsi que des questions relatives à l’enquête. Le rôle du spécialiste est d’analyser les résultats et de tirer une des trois conclusions suivantes : il est en présence de réactions d’apparence mensongère, il est en présence de réactions normales avec apparence de vérité ou le test est non concluant. Dans ce dernier cas, il ne peut pas se forger une opinion scientifique vis-à-vis des réactions physiques ou psychologiques du sujet.

Après les analyses des enregistrements polygraphiques, l’entrevue finale se déroule avec le sujet et un retour sur les résultats du test peut être effectué. L’enquêteur prend note des résultats et peut faire des liens pertinents entre son enquête, le sujet et les résultats. Normalement, le test se fait vers la fin d’une enquête, afin de s’assurer que certains éléments de preuve servent à étoffer la série de questions.

De façon générale, un polygraphe est fabriqué à partir de trois composantes principales, soit le pneumographe, le galvanomètre et le sphygmographe. Le pneumographe est composé de deux tubes ondulés apposés sur la poitrine et enregistre les variations respiratoires. Pour sa part, le galvanomètre enregistre la sudation par l’utilisation de deux électrodes appliquées sur les doigts. Finalement, le sphygmographe note le rythme des pulsations cardiaques et le flux et le reflux sanguins, en plus d’enregistrer la tension artérielle. Cet appareil est donc la combinaison de trois instruments scientifiques recueillant et enregistrant des données sur des chartes graphiques.

Un virage numérique s’effectue en 1993, lorsque les enregistrements recueillis sur de nouvelles machines sont portés à l’écran, rendant l’opération plus fiable encore. Le premier modèle électronique utilisé par les spécialistes, entre 1995 et 2005, est le polygraphe de la Stoelting Co., modèle CPS I. Son successeur, le CPS II, est utilisé depuis 2005 à la Sûreté du Québec.

Depuis leurs débuts dans l’organisation, les polygraphes ont été d’une grande utilité. Le domaine de la polygraphie n’a cessé de se perfectionner afin de donner des résultats de plus en plus fiables. L’analyse de ces résultats a permis aux polygraphistes d’offrir de meilleures conclusions aux enquêteurs.

Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020

Autopatrouilles de la Sûreté du Québec

Avant l'acquisition par la Sûreté provinciale d'une véritable flotte de véhicules identifiés, la patrouille des routes du Québec s'effectue essentiellement en motocyclette. Néanmoins, entre les années 1930 et 1945, quelques voitures de modèles différents non identifiés sont de plus en plus utilisées.

En mars 1945, la Sûreté provinciale se dote d'une flotte de véhicules de patrouille identifiés. Le modèle acquis à l'époque est une Plymouth Special De Luxe. Ces voitures sont dotées d'un phare fixe sur le toit et d’un premier système radio d’envergure régionale.

Ces voitures se retrouvent en périphérie des grands centres tels que Montréal et Québec, puis ensuite Trois-Rivières et Sherbrooke. Pour sa part, la motocyclette continue d'être largement utilisée dans les régions.

Ce n’est véritablement qu’à partir du milieu des années 1950 que l’automobile détrône la motocyclette en tant que principal outil de travail des policiers de la route. C’est aussi dans ces mêmes années que les premières lumières clignotantes rouges sont installées en remplacement du phare fixe sur le toit du véhicule, une innovation améliorant la visibilité de la voiture de patrouille en situation d’urgence.

Bien que le nom officiel de l’organisation soit la Sûreté provinciale du Québec depuis 1938, les voitures de l'époque portent l'emblème bilingue de la Sûreté provinciale, indiquant « Provincial Police » sur la portière de gauche et « Police provinciale » sur la portière de droite.

La Révolution tranquille, au début des années 1960, apporte son lot de changements, y compris à la Sûreté provinciale. S'amorce alors une vague de réformes dans la formation des policiers, l'embauche et les façons de faire au sein de l’organisation.

Durant cette décennie, la présence policière s'accroît et les effectifs également, ce qui impose une augmentation importante du parc de véhicules : celui-ci passe de 582 véhicules en 1962 à 928 en 1968.

Un des changements majeurs des années 1960 pour l’organisation est l'adoption de nouvelles couleurs. Les uniformes et les véhicules passent au vert, couleur qui devient emblématique pour la Sûreté du Québec.

Les nouvelles autopatrouilles sont vertes avec des portières jaunes, et sont dotées des premiers gyrophares rotatifs ainsi que du phare « police stop » sur le coin de l’aile avant droite. Comme les phares intermittents n’existent pas, cette lumière clignotante permet au policier de se placer à égalité du véhicule qu’il veut intercepter et d’indiquer au conducteur qu’il doit s’immobiliser.

C’est aussi dans les années 1960 qu’un numéro d’identification est octroyé à chacun des véhicules identifiés de la flotte. Les premiers numéros d’identification se retrouvent uniquement à l’intérieur de l’automobile, sur le tableau de bord. Composé de caractères alphanumériques, le numéro se lit comme suit, par exemple pour
M143MR : Montréal; voiture 143; marquée; pourvue d’une radio de communication.

Au début des années 1970, les véhicules à deux portes sont abandonnés au profit de modèles à quatre portes, beaucoup plus pratiques. Les véhicules commencent également à être identifiés par une numérotation sur les côtés et sur le toit.

Un premier système de lumières plus élaboré sur le toit des véhicules fait son apparition. Ce système est composé d’un gyrophare au centre et de deux feux clignotants aux extrémités. Il est familièrement appelé « Mickey Mouse » dans le jargon policier.

Ce n’est que vers la fin des années 1970 qu’apparaissent les premières lumières bleues sur les gyrophares. Avec le temps, les gyrophares bleus deviennent exclusifs aux véhicules de police, alors que les gyrophares rouges sont utilisés par tous les types de véhicules d’urgence.

En 1980, la Sûreté du Québec intègre la Police des autoroutes dans ses rangs. Ce corps policier travaille alors exclusivement sur les autoroutes à péage du Québec. Lors de l'intégration de la Police des autoroutes, la Sûreté du Québec fait également l'acquisition de sa flotte de véhicules. Ceux-ci gardent leurs anciennes couleurs, mais avec l'ajout de l’identification de la Sûreté du Québec.

Au début des années 1980, le Québec est secoué par une grave crise pétrolière. La Sûreté du Québec doit revoir ses choix de véhicules, abandonnant les grosses cylindrées (V8) pour des modèles plus économiques (V6).

La Chevrolet Malibu 1980 est la dernière grosse cylindrée acquise par la Sûreté du Québec avant ce changement de cap. Ce modèle est doté de gyrophares bleus et rouges positionnés aux extrémités du toit de l’automobile, éliminant par le fait même les feux clignotants latéraux des modèles précédents.

En temps de compressions budgétaires et de réduction de la taille des véhicules de la Sûreté du Québec, la Plymouth Caravelle 1982 s'avère le meilleur compromis entre les modèles intermédiaires. C’est une voiture qui semble appréciée de l’ensemble des policiers.

En 1983, la récession force la Sûreté du Québec à acheter des véhicules plus compacts et économiques. Cependant, ils sont aussi moins performants. Au cours de ces années, la Sûreté du Québec doit mettre en place plusieurs autres mesures afin de limiter ses coûts, telles que la patrouille statique obligatoire, la limite de kilométrage et un gel d'embauche de sept ans.

Pour desservir les réserves autochtones du Grand Nord québécois, la Sûreté du Québec se dote de véhicules 4 x 4, plus adaptés aux conditions difficiles. Ces véhicules sont identifiés aux couleurs et à l’emblème de l’organisation jusqu’à ce que les communautés autochtones assurent la prise en charge totale de leur police. Elles apposent alors leur propre emblème sur les véhicules aux couleurs de la Sûreté du Québec pour ensuite y ajouter leurs couleurs.

Appuyée par des études américaines concluant que le blanc est la couleur qui réfléchit le mieux la lumière, la Sûreté du Québec fait l’acquisition de ses premières voitures blanche après 23 ans de voitures vertes et jaunes. Le blanc devient alors progressivement la couleur officielle de base de toute la flotte automobile. La transformation de la flotte de voitures de patrouille se fait sur une période de trois ans.

À partir de 1991, les véhicules sont munis de gyrophares plats beaucoup plus puissants, d’un système de contrôle des équipements lumineux et de sirènes fabriquées par l’entreprise Signaflex à Victoriaville. La sirène est maintenant indépendante de la radio et possède un répertoire de sons beaucoup plus vaste et varié. Le système manuel de gestion de la sirène, fabriqué par la compagnie Bell et ses sous-traitants, est remplacé par un système de boutons-pressions.

Au cours des années 1992 à 1996, la Sûreté du Québec fait uniquement l'acquisition de voitures de marque Chevrolet Caprice. Seule différence significative : elle abandonnera en 1993 les Chevrolet Caprice V8 pour les V6, qui sont plus économiques.

Avec la fin de la production du modèle Caprice de Chevrolet en 1996, la Sûreté du Québec est contrainte de changer de modèle d’automobile. Avec son moteur 4,6 litres, le modèle Crown Victoria de Ford, acheté à partir de 1998, mais appelé
Police Interceptor dès 1999, fait partie des véhicules les plus fiables et robustes utilisés par les corps de police nord-américains.

Dans le but de pouvoir intervenir efficacement auprès de l’ensemble des usagers de la route, la Sûreté du Québec fait l’acquisition de ses toutes premières voitures semi-identifiées et semi-banalisées. Pour ce type de véhicule, les gyrophares sont remplacés par des feux alternatifs bleus et rouges ainsi qu’un stroboscope placé dans le pare-brise. La Sûreté du Québec se les procure entre 2000 et 2003.

Le 3 mai 2005, la Sûreté du Québec fait le lancement officiel de la nouvelle identité visuelle de ses véhicules identifiés. Celle-ci affiche des éléments des armoiries de l’organisation tels que l’écu échiqueté or et vert sur les côtés, l’avant et l’arrière ainsi que l’écu de la grande fonction sur le montant arrière.

En 2008, la hausse du prix de l’essence et la pression sociale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre incitent les organisations publiques et privées à prendre un virage vert. La Sûreté du Québec se tourne alors vers des voitures moins énergivores, comme la Dodge Charger, une voiture munie d'un moteur V6, mais étonnamment puissante. Ce modèle devient prédominant dans la flotte au cours des années suivantes.

Durant les années 2010, les Dodge Charger et les Ford Taurus sont toujours présentes sur nos routes. Celles-ci sont équipées de
protège-calandre (push bars) ou de flèches directionnelles. Dans le cadre de leur travail, elles sont également appuyées par des véhicules munis d'un système de reconnaissance de plaques.

Quelques mois après avoir présenté ses nouveaux uniformes, la Sûreté du Québec dévoile, en juillet 2017, la nouvelle apparence de ses véhicules identifiés. Les uniformes et les véhicules arborent maintenant la couleur noire de façon prédominante tout en conservant le vert comme couleur caractéristique.

Le déploiement des nouvelles voitures est amorcé à partir de l'automne 2017. Le renouvellement complet du parc de véhicules de première ligne est prévu se faire en trois ans à un coût nul. Les véhicules en fin de vie sont graduellement remplacés par les nouvelles autopatrouilles noires.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Policières à la Sûreté du Québec

Dès 1925, des matrones sont embauchées par la Police provinciale; elles sont également surnommées des femmes de peine. Les matrones sont affectées à la fouille, à l’escorte et à la garde des prisonnières, mais elles n’ont aucun pouvoir d’arrestation ni le droit au port d’arme à feu. Elles sont payées à la journée et elles travaillent au bloc de détention féminin à Montréal et à Québec.

À partir de 1962, leur poste devient permanent. Elles reçoivent le même uniforme que portent les membres de l’organisation à l’exception de l’écusson d’épaule qui les identifient comme matrones.

Parmi les corps de police canadiens, la Police provinciale de l’Ontario assermente ses premières policières le 21 juin 1974. La Gendarmerie royale du Canada fait assermenter ses premières policières le 3 mars 1975. Dans le cas de la Force constabulaire royale de Terre-Neuve, c’est le 15 décembre 1980 que les premières policières sont assermentées. Dans ces trois organisations, les policières sont investies des mêmes devoirs et pouvoirs policiers que les hommes.

Au Québec, la première policière investie des mêmes devoirs et pouvoirs que les policiers masculins, Nicole Juteau, est embauchée le 17 juin 1975 à la Sûreté du Québec. Or, à cette date, les normes d’embauche prévues au règlement n
o 7 de la « Loi de police » ne prévoient pas de candidats féminins dans les services policiers. Selon l’énoncé dudit règlement, pour être policier au Québec, il fallait être un homme d’au moins 5 pieds 8 pouces et peser 140 livres. Malgré son embauche comme policière en juin 1975, le règlement no 7 l’empêche de pratiquer son métier entièrement. Ce n’est que le 21 août 1975 que des modifications au règlement no 7 sont adoptées par la Commission permanente des institutions de l’Assemblée nationale. Ainsi, Nicole Juteau fait du travail de bureau, et ce, jusqu’au 11 septembre 1975, date à laquelle elle est assermentée avec les pleins devoirs et pouvoirs policiers.

L’expérience de Nicole Juteau

En septembre 1972, Nicole Juteau amorce ses études en techniques correctionnelles au collège Ahuntsic puisque les femmes n’ont pas le droit de s’inscrire en techniques policières. Ce n’est qu’un an plus tard qu’elle réussit à s’inscrire dans le cursus policier collégial. Elle se fait cependant dire qu’elle ne trouvera pas d’emploi à la fin de sa formation. On lui fait donc signer une formule de désengagement puisqu’il n’y a pas d’emploi prévu pour les femmes policières.

À l’automne 1973, Nicole Juteau ainsi que deux autres femmes (Diane Lafontaine et Marie-Claire Gagnon) sont acceptées à l’Institut de police du Québec. Malgré les inévitables ajustements d’intégration, Nicole Juteau s’est tout de même démarquée durant sa formation. Au tir, elle obtient quatre étoiles sur son badge, soit le niveau le plus élevé. Elle se révèle également aussi bonne sinon meilleure que la plupart de ses collègues masculins dans les tests physiques, obtenant globalement la troisième position de sa cohorte de 49 collègues (46 hommes et 3 femmes).

Au printemps 1975, après leur diplomation dans la 51
e promotion de l’Institut de police du Québec, Nicole Juteau et son groupe rencontrent les organisations policières qui embauchent. C’est la Sûreté du Québec qui la rappelle et la prend à son service en juin 1975. Les deux autres femmes trouveront un emploi au bureau de la Sécurité publique de la Baie-James en tant qu’agentes de la paix, sans toutefois détenir les devoirs et pouvoirs policiers.

À la Sûreté du Québec, l’uniforme n’est pas adapté aux femmes. Nicole Juteau porte une chemise pour homme qu’elle doit épingler au niveau de la poitrine pour qu’elle ne s’ouvre pas. Elle porte des pantalons d’homme trop grands et une cravate trop longue. Ses souliers de femmes ont un talon, ce qui ne facilite pas le travail de patrouille ni la course contre les criminels. Elle les appelle d’ailleurs ses « souliers de sœur ». Malgré la difficulté d’adaptation initiale des uniformes, la situation se règle deux ans plus tard.

Après son assermentation, Nicole Juteau est envoyée au poste de Shawinigan. Elle va y rester six ans comme patrouilleuse. Au début, personne ne veut travailler avec elle, sauf le patrouilleur-enquêteur du poste. Elle reçoit plusieurs commentaires négatifs des autres policiers, et certaines épouses de policiers réagissent négativement à sa présence. Celles-ci ne veulent pas que leur mari travaille avec Nicole Juteau.

Toutefois, la population en général accepte positivement son entrée dans la police. Les mentalités changent peu à peu. Il n’est pas rare qu’elle reçoive un accueil plus chaleureux que celui offert aux hommes policiers.

Durant sa première année, elle doit prouver à la Sûreté du Québec que l’embauche d’une policière était le bon choix. Nicole Juteau a senti la pression d’exceller dans son travail pour ne pas contrecarrer le projet d’accueillir des femmes dans la police. En effet, durant cette année, aucune autre femme ne sera embauchée.

Malgré qu’elle ait été une pionnière, elle ne s’est jamais perçue elle-même comme telle. Elle a aimé son parcours et elle n’y changerait rien. Elle a d’ailleurs déclaré lors d’un colloque à l’Institut de police du Québec : « Malgré tout, j’avais choisi le plus beau métier du monde. Ma carrière a été toute ma vie; j’en suis sortie très gagnante et très forte. »

L’embauche de Nicole Juteau, première policière au Québec, a ouvert la voie de ce métier à des centaines de femmes.

Les pionnières

Pratiquement 10 ans après l’embauche de la première femme policière, le combat des pionnières de la Sûreté du Québec porte enfin ses fruits. Certaines d’entre elles commencent à accéder aux plus hauts échelons de la hiérarchie, ou à des spécialités traditionnellement masculines.

En 1982, l’unité de protection rapprochée accueille madame Sylvie Guimond, première femme garde du corps de la Sûreté du Québec. Elle est surtout affectée à la protection des dignitaires en visite au Québec. Madame Guimond quitte l’unité en 1989 lorsqu’elle est promue caporale au poste de Candiac. Son passage au sein de l’unité a contribué à l’abolition des préjugés voulant que la grandeur et la force physique soient un important prérequis pour effectuer ce travail.

En 1989, l’agente Gisèle Garon est nommée au grade de caporal. L’année suivante, elle devient la première policière à être promue sergente à la Sûreté du Québec ainsi que la première policière responsable d’un poste de la Sûreté du Québec, celui de Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle sera par la suite nommée lieutenante en 2002.

Jocelyne Caron, quant à elle, devient la première policière de la Sûreté du Québec à accéder au grade de lieutenante en 1994. Elle est également la première policière responsable de l’unité de protection rapprochée, en 1996. Puis, elle est la première à atteindre le grade d’inspecteur-chef, le 28 novembre 2001.

Brillant exemple de l’accession d’une femme à une spécialité considérée comme masculine, Chantale Noël devient, au début des années 2000, la première femme maître-chien de la Sûreté du Québec. Par la suite, elle est tour à tour première officière responsable de peloton d’une unité d’urgence permanente et première officière responsable des spécialistes regroupant les maîtres-chiens, les plongeurs et les techniciens en explosifs.

L’apport des femmes à la Sûreté du Québec

Le 11 septembre 1975, dans son allocution lors de la cérémonie d’assermentation des recrues, le directeur général, Jacques Beaudoin, souligne l’aspect historique de l’arrivée de la première policière dans l’organisation en déclarant que la Sûreté du Québec ouvre aujourd’hui un nouveau chapitre important de son histoire. Malgré les défis que Nicole Juteau allait inévitablement devoir surmonter, la Sûreté du Québec, par la voix de Jacques Beaudoin, considérait important et souhaitable l’arrivée des femmes dans la police.

Les policières ne demandent aucun traitement de faveur et ne veulent en aucun cas être traitées différemment de leurs collègues. Mais elles-mêmes reconnaissent certaines différences. Ces dernières créent une dynamique complémentaire à l’approche du métier, et c’est un avantage dont la société peut profiter.

En 1999, dans un colloque sur la femme policière, on reconnaît l’apport des policières au sein des organismes policiers. Quelques points sont alors soulevés et font l’unanimité, tels que le recours à la discussion comme mode de résolution de conflits entre policiers et citoyens, et le recul de la violence et de l’agressivité par la présence des femmes policières sur les lieux des interventions. Elles ont contribué au renouvellement de la culture policière et à l’évolution des mentalités dans la police comme dans la société.

De nos jours, dans ses allocutions lors des cérémonies d’assermentation des recrues, la directrice générale, Johanne Beausoleil, souligne chaque fois sa fierté de voir une aussi belle représentativité des femmes au sein de la Sûreté du Québec. Elle y affirme également son appui à la présence des femmes dans l‘organisation et sa volonté de contribuer activement à celle-ci.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2022

Aumônerie à la Sûreté du Québec

Dans les organisations militaires et paramilitaires, la nomination d’un aumônier d’office est chose courante. Au cours de son histoire, la Sûreté du Québec n’a pas fait exception à la règle.

Pour l’organisation, le rôle de l’aumônier consiste à apporter son soutien et à prodiguer des conseils moraux et spirituels aux policiers dans leur travail quotidien, bien souvent ponctué de situations émotionnellement difficiles. L’aumônier est disponible de jour comme de nuit pour ses ouailles. De plus, il préside des cérémonies officielles, telles que les assermentations de recrues, les cérémonies de reconnaissance ou encore, les cérémonies de commémoration des policiers morts en devoir et les funérailles civiques de policiers morts en devoir. Sa grande disponibilité pour les policiers ainsi que sa présence aux cérémonies officielles font de lui un symbole protocolaire important de l’organisation.

Début d’une aumônerie

C’est au milieu des années 1930 qu’on retrouve les traces d’un premier aumônier au sein des forces policières provinciales. Vers 1931, l’abbé Oscar Valiquette devient aumônier du Club social des policiers de la circulation et, par la suite, du service de la Circulation provinciale. Lui succède dans cet office, en mars 1938, l’abbé Henri A. Gaboury.

Avec la mise en application de la « Loi relative à la Sûreté provinciale » le 8 mai 1938, la création d’une nouvelle Sûreté provinciale du Québec regroupant les trois grands corps de police provinciale (Police provinciale, Police de la route et Police des liqueurs) bouleverse le paysage policier du Québec. Le chapelain du service de la Circulation provinciale (Police de la route) se retrouve intégré à la nouvelle entité. La Sûreté provinciale voulant se doter d’une aumônerie, elle nomme l’abbé Henri A. Gaboury aumônier général le 19 septembre 1938. Il occupera ses fonctions jusqu’en 1940, où il sera remplacé par le père Pierre Trudel.

Le 3 octobre 1943, à la demande du lieutenant-colonel Léon Lambert, directeur adjoint à Québec, Son Éminence le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve instaure une aumônerie dans le district de Québec. C’est à partir de ce moment qu’on retrouvera un aumônier pour chacun des districts de la Sûreté provinciale, soit Montréal et Québec.

Le premier aumônier du district de Québec, l’abbé Georges Laberge, est nommé le 21 septembre 1943, quelques jours avant la création de la nouvelle aumônerie. Sa nomination précoce est directement liée avec la mise en place d’une retraite spirituelle précédant l’inauguration officielle. Selon le souhait du directeur adjoint Lambert, cette récollection était obligatoire pour tous les employés de confession catholique du district.

L’abbé Laberge reste en poste jusqu’à sa mort en décembre 1951. Le poste vacant est ensuite occupé par l’abbé Lomer Gagné. L’office est par la suite octroyé à l’abbé Raymond Lavoie vers 1957 et à l’abbé Raymond Mercier vers 1958. Après une année à titre d’aumônier suppléant, l’abbé Lucien Ouellet est nommé aumônier de la Sûreté provinciale à Québec le 18 octobre 1964. Il garde cette fonction jusqu’en 1977.

Malgré l’instauration de la nouvelle aumônerie à Québec, le père Trudel continue son office dans le district de Montréal jusqu’en 1951. À son départ, on nomme le père Arthur Dubois aumônier de la Sûreté provinciale pour Montréal. Il sera remplacé en 1968 par le père Florimond Noiseux jusqu’à la retraite de ce dernier en 1977.

Centralisation de l’aumônerie

Avec le départ du père Florimond Noiseux en 1977, la Sûreté du Québec prend la décision de nommer l’abbé Lucien Ouellet aumônier de l’ensemble de l’organisation. Il occupe le poste jusqu’à la fin de son contrat, soit le 2 avril 2018, date de l’abolition du poste d’aumônier. Tout au long de sa carrière dans l’organisation, l’abbé Lucien Ouellet obtient successivement le grade de capitaine, d’inspecteur (1987) et finalement d’inspecteur-chef (1995). Il porte l’uniforme et les insignes du grade qui lui est attribué. Il détient par ailleurs de nombreuses décorations, notamment la Médaille de la police pour services distingués (avec barrettes).

Les 54 années de loyaux services du dernier aumônier de l’organisation représentent plus de la moitié des 80 années d’existence d’une aumônerie à la Sûreté du Québec. Au cours de ses nombreuses années d’office, l’abbé Lucien Ouellet a vu défiler des milliers de policiers sous le directorat de treize dirigeants, en commençant par le directeur général Josaphat Brunet en 1964, jusqu’au directeur général Martin Prud’homme, en 2018.

Retraite spirituelle et saint patron

Dès sa nomination comme aumônier général de la Sûreté provinciale, l’abbé Henri A. Gaboury propose une récollection à l’intention des employés de l’organisation lors de la semaine sainte de 1939. Ce type de retraite fermée devait permettre aux policiers de se ressourcer et de se livrer à une introspection dans un cadre religieux. Elle donna lieu à plusieurs autres séances durant la période pascale les années subséquentes.

L’année 1939 ne voit pas seulement le début des retraites fermées à la Sûreté provinciale, mais également le début d’une longue odyssée pour offrir un saint patron à l’organisation, qui se terminera par une nomination internationale. Tout commence par la nomination de l’archange saint Michel comme saint patron de l’Association des chefs de police et de pompiers de la province par Son Éminence le cardinal Villeneuve le 20 juillet 1939. En procédant à cette nomination, le prélat acquiesce à la demande faite par le lieutenant-colonel Léon Lambert de choisir un protecteur céleste pour ses hommes. Cependant, pour le lieutenant-colonel Lambert et Son Éminence le Cardinal Villeneuve, ce choix se devait d’être ratifié par le souverain pontife. Après l’envoi d’une demande de ratification par le prélat de Québec et plusieurs années de réflexion, Sa Sainteté Pie XII proclame l’archange saint Michel patron universel des policiers du monde entier le 9 mai 1950. C’est donc une initiative québécoise qui est à l’origine de cette nomination internationale.


François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2021

Patrouille nautique à la Sûreté du Québec

C’est bien connu, le Québec est l’un des endroits au monde où l’on retrouve le plus grand nombre de lacs et de plans d’eau douce. Cette grande accessibilité en voies navigables a permis le développement de la navigation de plaisance dans la province. Ce type de navigation est régi par la « Loi sur la marine marchande du Canada » qui est appliquée par Transport Canada et par la Garde côtière canadienne.

Le mandat général de la Sûreté du Québec consiste à maintenir la paix et la sécurité publique sur l’ensemble du territoire québécois, ce qui inclut également les eaux intérieures. C’est pourquoi l’application de ce mandat, dès 1971, devient la pierre angulaire de la présence de la Sûreté du Québec sur les plans d’eau de la province. Néanmoins, pendant plusieurs années, cette surveillance est discontinue et non prioritaire en raison, surtout, de ressources humaines restreintes et de l’absence d’équipement adéquat, performant et sécuritaire. Ces patrouilles sporadiques s’effectuent tout de même lors de rencontres sportives telles que des régates et des courses de canots, ou encore, lors d’événements plus importants, comme les Jeux du Québec. À cela s’ajoute également la présence locale des agents en réponse à des plaintes de cambriolage de chalets plus isolés ou à des vols de moteur hors-bord, un domaine connexe.

Avec une moyenne d’environ 35 % des noyades en lien avec la navigation de plaisance et les activités nautiques à la fin des années 1970, la Sûreté du Québec constate l’importance de la prévention en sécurité nautique. Consciente de son manque de ressources, l’organisation cherche alors un moyen d’action approprié pour rejoindre les plaisanciers. Pour atteindre ce nouvel objectif, la Sûreté du Québec conclut qu’une augmentation de la présence policière en milieu nautique et des interventions appropriées s’avèrent essentielles.

Les premières initiatives de l’organisation en ce sens datent de la fin des années 1970 avec la mise en place des « patrouilles de quai ». Ces dernières permettent, avec peu de moyens, d’intervenir directement au quai, soit au départ et à l’arrivée des bateaux et des plaisanciers. Adopté par l’organisation, ce type de patrouille est alors combiné à la patrouille nautique à partir de l’été 1978.

Après une année de jumelage avec la Garde côtière canadienne et la Gendarmerie royale du Canada, la Sûreté du Québec décide de former ses premiers préposés à la sécurité nautique en 1979. Trente-deux policiers sont donc choisis parmi les pelotons d’unités d’urgence en province (deux par peloton) ainsi que les sections de plongée sous-marine. L’année suivante, en mars 1980, les 32 nouveaux préposés suivent une formation de sécurité nautique d’une semaine, à
Duchesnay.

Au fil des années, l’organisation améliore son offre de service en sécurité nautique en augmentant le nombre de patrouilleurs et de bateaux disponibles. En effet, à l’été 1992, on ne compte pas moins de 65 policiers formés à la patrouille nautique et 16 embarcations réparties sur le territoire desservi par la Sûreté du Québec, le tout, coordonné par le Service des mesures d’urgence.

À la suite de l’adoption de la « Loi concernant l’organisation des services policiers » en 2001, la Sûreté du Québec oriente ses activités en fonction des niveaux de service à assurer. Pour livrer les services requis à la population, l’organisation se tourne vers l’acquisition de nouveaux équipements et la formation de nouveaux policiers. Rapidement, en 2002, la Sûreté du Québec accroît sa flotte, passant de 22 à 65 embarcations. La flotte est répartie entre les unités de sécurité routière ou d’urgence, mais également dans certaines municipalités régionales de comté (MRC) stratégiques. Cette même année, la Sûreté du Québec fait également grimper ses effectifs de patrouilleurs nautiques à 150, triplant ainsi le nombre de policiers affectés à cette fonction. La saison suivante, 250 patrouilleurs nautiques sont déployés sur les plans d’eau par l’organisation.

De nos jours, les patrouilleurs nautiques œuvrent principalement dans la prévention et la sensibilisation aux lois et aux règlements en vigueur dans le domaine, s’inscrivant ainsi dans le concept de police de proximité valorisé par l’organisation depuis plusieurs décennies.


Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2021

Création d'escouades ou de services spécialisés

Cette section plonge dans l’histoire, dans l’évolution et dans le quotidien des différentes unités ayant jalonné l’histoire de la Sûreté du Québec, bien souvent à partir de leurs débuts.

Nous y présentons les changements qu’a vécus chacune de ces unités, ainsi que la création de celles-ci et l’impact qu’elles ont eu sur l’organisation et le travail policier au Québec.

Crimes célèbres

Cette section regroupe l’histoire de crimes ayant marqué l’imaginaire québécois. Pour que ces événements soient pris en compte, ils doivent avoir été fortement médiatisés, avoir eu un impact sur la société québécoise et avoir fait l’objet d’une enquête de la Sûreté du Québec.

Chaque texte présente l’implication de la Sûreté du Québec au travers d’une contextualisation historique, au cœur de l’enquête et des démarches judiciaires.

Opérations majeures

Cette section examine certaines des opérations majeures ayant marqué l’histoire de la Sûreté du Québec et l’histoire québécoise.

Les opérations de sécurité planifiées par la Sûreté du Québec y sont présentées sous différentes facettes. On peut donc y retrouver des événements tels que la visite de dignitaires, la tenue de sommets et la présentation de grandes manifestations sociales ou sportives. Le rôle et l’implication de la Sûreté du Québec dans ces événements de grande envergure sont au centre de ces textes.

Événements majeurs

Cette section se penche sur les événements majeurs ayant marqué l’histoire de la Sûreté du Québec et l’histoire québécoise.

Dans ces textes, la Sûreté du Québec est en mode réaction face à des événements soudains, tels que des catastrophes naturelles, des crises ou des décès de masse. L’implication de la Sûreté du Québec dans ces moments d’urgence est cruciale pour sauver des vies et aider les citoyens en danger.

Personnages importants

Cette section illustre la carrière de différents personnages clés qui ont marqué l’histoire de la Sûreté du Québec. Le cadre d’emploi du personnage n’est pas un facteur déterminant de son importance; ce sont plutôt les réussites, les réformes ainsi que les événements majeurs auxquels celui-ci a participé qui importent.

Johanne Beausoleil devient directrice générale de la Sûreté du Québec

2 février 2022

Johanne Beausoleil est directrice générale de la Sûreté du Québec depuis février 2022.

Gestionnaire de carrière, madame Johanne Beausoleil commence son cursus professionnel au sein des forces de l’ordre comme surveillante de femmes contrevenantes à la Sûreté du Québec en 1988, fonction qu’elle occupe jusqu’en 1990.

En 1989, elle devient agente des services correctionnels et chef intérimaire de l’Établissement de détention Maison Tanguay à Montréal. Après huit années dans cette maison de détention, elle accepte un poste de chef d’unité à l’Établissement de détention de St-Jérôme. Deux années plus tard, en 1999, elle devient directrice des services de détention de l’Établissement de détention de Hull.

Au courant des années 2000, elle continue son ascension dans le milieu carcéral en devenant directrice des services à la clientèle à l’Établissement de détention de St-Jérôme (2003) ainsi que directrice des services correctionnels de l’Outaouais (2005).

Après quatre années en Outaouais, elle poursuit sa progression professionnelle au sein de la Direction générale des services correctionnels en acceptant successivement les postes de directrice de la sécurité (2007) et de directrice générale adjointe aux programmes et à la sécurité (2009).

En juin 2011, elle prend la gouverne de la Direction générale des services correctionnels de façon intérimaire, puis est confirmée dans son poste de sous-ministre associée le 8 décembre 2011, fonction qu’elle occupe jusqu’en 2015.

Affectée auprès du directeur général de la Sûreté du Québec en 2015, madame Beausoleil prend le poste de vérificatrice et chapeaute la toute nouvelle Direction de la vérification du corps de police provinciale. Elle a pour mandat d’assurer la saine gestion des ressources financières, matérielles, humaines et informationnelles de la Sûreté du Québec. À l’été 2019, elle quitte la Sûreté du Québec et accepte le poste de chef du Bureau de la vérification et de l’évaluation au Service de police de la Ville de Montréal.

Nommée directrice générale adjointe à la Sûreté du Québec, madame Beausoleil prend la direction de l’organisation de façon intérimaire en décembre 2019, puis est confirmée dans son poste de directrice générale le 2 février 2022. Elle devient ainsi la première femme à diriger le corps de police provinciale du Québec et la troisième civile à tenir ce poste depuis l’avènement de la Sûreté du Québec moderne (1960).

Titulaire d’une maîtrise en administration publique de l’École nationale d’administration publique, madame Johanne Beausoleil détient également un certificat en sciences politiques de l’Université de Montréal et des attestations d’études en technique d’entrevues et d’interrogatoires (École nationale de police du Québec), en « Porte-parole des relations avec les médias » (École nationale d’administration publique) ainsi qu’en sciences politiques (Université de Montréal). Elle a également participé au programme de relève de gestion du gouvernement du Québec offert par l’École nationale d’administration publique.


François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2022

Hilaire Beauregard devient directeur de la Sûreté provinciale

16 décembre 1954

Hilaire Beauregard est directeur de la Sûreté provinciale de 1954 à 1960.

Nommé à l’âge de 51 ans, monsieur Beauregard demeure en fonction durant cinq ans et demi. Pendant quatre ans, soit de 1951 à 1954, il assume l’intérim comme directeur de la division de Montréal. Policier de carrière à la Sûreté provinciale, il est aussi propriétaire d’entreprises. Après être entré à la Police provinciale en 1936 comme détective, il gravit les échelons rapidement jusqu’en 1940. Après une absence de cinq ans, il revient à la Sûreté provinciale en 1945 comme directeur adjoint suppléant à Montréal. Il est assisté de Léon Lambert, directeur adjoint à Québec, et de Léopold Trottier, directeur adjoint suppléant à Montréal, de 1956 à 1960. Il décède à l’âge de 67 ans, le 27 juillet 1970.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Augustin McCarthy devient chef de la Police provinciale

19 septembre 1902

Augustin McCarthy est chef de la Police provinciale de 1902 à 1922 et chef de la Division de Québec, de 1922 à 1932.

Nommé à l’âge de 45 ans, monsieur McCarthy demeure chef durant près de 30 ans. Il entre comme constable de la Police provinciale de Québec en 1888 et devient sergent en 1899. Il est l’un des collaborateurs du chef des détectives provinciaux à Montréal, Peter Kenneth McCaskill. À compter de 1922, il partage ses fonctions de chef avec son homologue de Montréal, Dieudonné Daniel Lorrain. En 1931, alors en préretraite, il est assisté à Québec par un sous-chef, Léon Lambert. Il décède le 4 mars 1932, à l’âge de 75 ans.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Mario Laprise devient directeur général de la Sûreté du Québec

13 novembre 2012

Monsieur Mario Laprise est directeur général de la Sûreté du Québec d’octobre 2012 à août 2014.

Mario Laprise a d’abord été policier à la Sûreté du Québec pendant près de 26 ans, soit de 1979 à 2005. Au cours de ces années, il a exercé différentes fonctions de patrouilleur, d’enquêteur et d’officier. Il a, entre autres, été capitaine responsable de l’Escouade Carcajou (1996-1998) et responsable du Service des enquêtes sur les projets conjoints (1998-2005), à titre d’inspecteur. À cet égard, il a été coordonnateur provincial de la lutte au crime organisé et a contribué à l’implantation de sept escouades régionales mixtes, symboles de partenariats policiers. Il a de plus été un acteur-clé de la coordination de l’opération policière connue sous l’appellation de « Printemps 2001 ».

Approché par Hydro-Québec en 2005, monsieur Laprise a accepté de relever les nouveaux défis qu’on lui a présentés et de prendre en charge la Direction de la sécurité industrielle, et ce, jusqu’à son retour à la Sûreté du Québec en tant que directeur général. Il s’est alors démarqué par sa vision stratégique du concept de sécurité de l’entreprise. Au cours de ces années, il a aussi réalisé des études de maîtrise en administration publique dans le domaine de la gestion, de même que des études diversifiées en fonction de spécialités policières recherchées.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Hélicoptères et opérations aériennes à la Sûreté du Québec

1er janvier 1964

L’odyssée héliportée de la Sûreté du Québec commence en 1964 avec la première utilisation d’un hélicoptère lors d’une opération. À partir de cette date, et ce, jusqu’au début des années 1970, la Sûreté du Québec, suivant la recommandation du ministère de la Voirie, utilise principalement les hélicoptères dans un contexte de surveillance routière en période estivale. Depuis le début des années 1970, la flotte héliportée de la Sûreté du Québec est sous la responsabilité administrative du Service aérien du ministère des Transports.

En 1972, pour faciliter l'échange de renseignements et l'entraide mutuelle, les dirigeants de la Sûreté du Québec ont décidé de former une escouade d'observateurs aériens disséminés à travers la province pour accompagner le pilote. C’est le début de la mise en place d’une équipe dédiée aux activités héliportées. Dans cette équipe, l’observateur est responsable d’assister le pilote en examinant si des éléments peuvent affecter la sécurité de l’opération, prendre le relais si le pilote doit vaquer à d’autres occupations, s’occuper de la communication dans l’appareil et faire le rapport des vols.

Durant les années 1970 et 1980, l’utilisation de l’hélicoptère se fait sur l’ensemble du territoire québécois. Il y a jusqu’à trois hélicoptères en service et ils sont basés à Montréal, Québec et Rouyn-Noranda ou Hull. Cependant, les héliports de Rouyn-Noranda et de Hull sont fermés le 1
er août 1995. À l’époque, pour la Sûreté du Québec, l’hélicoptère permet d’accroître la mobilité de l’organisation, de répondre à des interventions humanitaires urgentes, de faire des vols de reconnaissance dans le cadre d’opérations policières et de pouvoir accéder plus facilement aux scènes de crime ou d’accident.

C’est à partir du 10 janvier 1974 que quatre pilotes du Service aérien du ministère des Transports sont mis à la disposition de la Sûreté du Québec de façon permanente. Ed Chauvin et Pierre Lavoie sont assignés à la région de Montréal, alors que Jacques Aubry et David Mills sont assignés à la région de Québec.

Entre les années 1970 et le début des années 2000, les hélicoptères sont sollicités lors de plusieurs grandes opérations. Ils participent aux missions d’observation aérienne lors de grands incendies de forêt, à la surveillance lors d’événements internationaux tels que les Jeux olympiques de Montréal en 1976, la visite du pape Jean-Paul II en 1984 ou le Sommet des Amériques de Québec en 2001 ainsi qu’à la surveillance lors de catastrophes naturelles telles que les inondations au Saguenay en 1996 et la crise du verglas de 1998.

En plus des grandes opérations, les hélicoptères de la Sûreté du Québec sont sollicités en appui aux enquêtes, à la surveillance du territoire et au transport d’unités spécialisées telles que celles des techniciens en explosifs, des plongeurs sous-marins, des maîtres-chiens ou du groupe tactique d’intervention (GTI).

Depuis le début de son histoire aérienne, la Sûreté du Québec déplore la perte de deux appareils en fonction. Le premier écrasement survient lors de la recherche d’un septuagénaire dans la région de la chute Montmorency à Québec en octobre 1993. Cet écrasement a coûté la vie à quatre personnes : un pilote, un policier de la Sûreté du Québec et deux policiers de la Sûreté municipale de Québec. Le second écrasement survient lors de la recherche de cinq motoneigistes et un guide ayant disparu dans le lac Saint-Jean en janvier 2020. Aucun mort n’est à déplorer lors de cet écrasement.

Au fil du temps, plusieurs modèles servent à l’organisation : le Bell Jet Ranger II, qui est utilisé dès 1974, et le Bell 206B,
utilisé depuis 1992. Au début des années 2000, un nouveau modèle d’hélicoptère entre en service à la Sûreté du Québec, le Bell 412. Celui-ci possède des normes technologiques mieux adaptées aux opérations et il détient un système numérique moderne.

Depuis que la Sûreté du Québec utilise des hélicoptères, ceux-ci ont rendu de nombreux services à l’organisation, surtout pour la prévention de la criminalité et l’aide au public. L’hélicoptère s’avère donc un outil indispensable pour la Sûreté du Québec dans l’exécution de ses missions et de certains de ses mandats.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Grève de l’amiante à Asbestos

14 février 1949

Par sa durée et sa médiatisation, la grève à la Canadian Johns-Manville d’Asbestos, en 1949, dessine un portrait peu flatteur de la Sûreté provinciale. Pourtant, son déroulement n’est pas exceptionnel pour l’époque. Il rappelle d’autres conflits qui éclatent dans des petites villes dont la prospérité dépend directement d'une ou deux industries. La grève d’Asbestos devient l’étendard des opposants au gouvernement Duplessis, non seulement à cause des principes qu'elle défend (meilleurs salaires, cotisation syndicale, participation à la gestion), mais aussi par le mouvement inédit de sympathie qu'elle suscite dans le public, fort de l'appui d'une grande partie du clergé catholique et de la visibilité des médias. C’est pourtant un ouvrage publié en 1956 sous la direction de Pierre Elliott Trudeau, réunissant les textes des intellectuels engagés de l’époque, qui inscrit pour longtemps ce conflit dans la mémoire populaire.

Dans ce type de localité mono-industrielle, la solidarité locale autour des grévistes est plus forte qu’à Montréal et, conséquemment, les opérations policières plus observées et commentées. Systématiquement, l’arrivée des briseurs de grève embauchés par les employeurs provoque des violences et des demandes d’intervention. Avant 1930, la Sûreté provinciale peut envoyer, tout au plus, une quinzaine de policiers sur le terrain. Le renforcement de la gendarmerie et l’intégration partielle des autres corps de police en 1938 donnent ensuite au gouvernement une force importante prête à être mobilisée en cas de conflits majeurs.

Le scénario des interventions de la Sûreté provinciale dans ce type de conflit ouvrier se répète de façon presque monotone. Les policiers sont envoyés par le département du Procureur général avec ou sans l'accord des autorités locales. Ils s'installent ensuite sur les propriétés de la compagnie. Leurs efforts pour empêcher la formation de lignes de piquetage et faciliter l'entrée des briseurs de grève finissent par provoquer des heurts avec les grévistes. Le conflit s'éternise, et il suffit de quelques incidents pour que se déclenche une guerre ouverte dont les conséquences sont l'envoi de renforts et le durcissement des mesures répressives.

Les arrestations qui s'ensuivent ont pour effet d'envenimer le conflit et de convaincre la population ouvrière de la partialité des forces de l'ordre. Chaque fois, l'image de la police gouvernementale, bras armé de l'État provincial, sort ternie auprès de la population locale liée par le travail ou la famille avec les grévistes. Dans tous les cas, l’attitude hostile ou tolérante des gouvernements envers les syndicats influence la stratégie policière et l’issue du conflit. Comme dans toutes opérations, la stratégie des officiers qui dirigent les opérations sur place a aussi un impact déterminant.

L'intransigeance manifestée par le gouvernement Duplessis face aux revendications syndicales ne se dément pas au cours des années d'après-guerre. Son parti pris pour les employeurs et les nombreux obstacles opposés à l'action syndicale créent un climat de confrontation qui alimente la violence des conflits ouvriers. C’est donc dans un climat social tendu que s’inscrit la grève d’Asbestos.

Amorcées en décembre 1948, les négociations entre la Fédération de l'industrie minière, affiliée à la Confédération des travailleurs catholiques du Canada, et les compagnies minières de la région sont rompues au début de 1949. Le 13 février, les employés de la Canadian Johns-Manville d'Asbestos rejettent l'idée de recourir à l'arbitrage, car ce mécanisme joue rarement en faveur des ouvriers, et décident de déclencher un arrêt de travail bientôt déclaré illégal.

À cette époque, le Québec produit 85 % de l'amiante extrait dans le monde entier. Pour ne pas trop perturber la production mondiale d’amiante, la compagnie engage rapidement des briseurs de grève.

En février 1949, le gouvernement du Québec déploie un contingent de 114 hommes de la Sûreté provinciale pour ramener l’ordre, principalement des policiers de la route et des gendarmes des districts de Québec et de Montréal. Les membres de l'État-major logent à l'Hôtel Iroquois, propriété de la compagnie qui assume les frais de séjour. Les hommes de troupe, pour leur part, séjournent dans des baraques aux limites de la ville. Évidemment, la présence des policiers ne fait qu’envenimer la situation. Au cours des mois qui suivent, ce sont environ 265 policiers de diverses branches de la Sûreté provinciale qui convergent vers la petite ville d’Asbestos, soit environ la moitié de l’effectif de la Sûreté provinciale sur le territoire provincial.

Le conflit stagne, et la ville oscille entre des moments de tranquillité et de tension, de manifestations et de calme plat. Tout au long de la grève, des accrochages et des arrestations musclées suivies de longs interrogatoires ont lieu, alors que l’appui aux grévistes augmente dans la population et même dans le clergé. La journée du 5 mai 1949 est particulièrement tendue. En riposte à une attaque contre quelques policiers, la Sûreté provinciale investit la ville, et ses 265 policiers procèdent à l’arrestation de 135 grévistes.

La grève prend fin le 1
er juillet 1949 grâce à la médiation de monseigneur Roy. Malgré la mobilisation syndicale et l’appui populaire, les grévistes n’obtiennent pas de concessions intéressantes. Les maigres résultats du conflit n’empêchent toutefois pas la grève d’Asbestos d’être reconnue comme un marqueur à la fois de son époque et de la mémoire populaire, jouant ainsi un rôle crucial dans l'esprit des intellectuels québécois au cours des années qui mènent à la Révolution tranquille.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Création du Service de l'identité judiciaire

15 octobre 1925

Le Laboratoire de recherches médico-légales, le premier du genre en Amérique, ouvre ses portes en 1914, à Montréal. C’est le docteur Wilfrid Derome qui en est le fondateur. En 1910, après deux ans de formation à Paris, il revient au Québec pour convaincre le gouvernement provincial de la nécessité de disposer d’un laboratoire au service de la justice. C’est le début de la police scientifique au Québec.

Le contexte de création du service est lié à un cas criminel majeur : l’affaire Blanche Garneau de 1920. Lors de l’enquête, le manque d’expertise dans l’identification et la protection d’une scène de crime mène les détectives du Bureau des détectives provinciaux vers plusieurs fausses pistes. L’affaire est d’ailleurs grandement médiatisée et le fait que le processus soit bâclé cause une situation tendue qui est directement liée à l’intégration du Bureau des détectives provinciaux à la Police provinciale en 1922.

L’intégration de la police judiciaire amène la Police provinciale à former, en 1925, son propre service d’identité judiciaire devenu, de nos jours, le Service de la criminalistique. Le travail de fichage des empreintes digitales, des photographies et des renseignements sur les détenus est lancé. Les premiers tests de fichiers sont faits à la prison de Bordeaux avec deux photographes et quelques détenus.

En 1971, la Sûreté du Québec met en place un système mécanisé accélérant la recherche des fiches d’empreintes, le Miracode. En 1978, une des grandes avancées pour la Sûreté du Québec est la création d’un laboratoire de développement des empreintes à Montréal. Les techniques utilisées sont peu nombreuses, mais la poudre et le nitrate d’argent commencent déjà à être utilisés. De plus, plusieurs petits locaux sont dédiés au poudrage des pièces à conviction dans les districts.

Durant les années 1980 et 1990, le service se dote de nouvelles techniques pour l’analyse des empreintes digitales, notamment les vapeurs d’iode, un premier laser à l’argon et les premiers Polilight. Avec l’intégration de toutes ces nouvelles techniques, le service réaménage le laboratoire de Québec à l’image de celui de Montréal. Il réaménage également les locaux de poudrage des districts pour en faire plusieurs petits laboratoires de développement des empreintes. En 1992, la Sûreté du Québec met en place un système informatisé dédié à la recherche d’empreintes, le SAID Orion ou Printrak.

Au courant des années 2000, la Sûreté du Québec commence l’utilisation d’appareils de numérisation pour la prise des empreintes plutôt que l’encre et le papier. En 2004, Alexandre Beaudoin, un civil professionnel au Service de l’identité judiciaire, développe une nouvelle technique de révélation des empreintes latentes, l’Oil Red O. Cette méthode pour trouver les empreintes sur le papier mouillé est éventuellement adoptée à travers le monde. Cette période est aussi marquée par l’apparition de nouvelles techniques de révélation des empreintes telles que l’acide jaune, l’indanedione-zinc et le dioxyde de titane.

En 2010, les laboratoires de développement des empreintes de district sont officiellement fermés. Ils sont désuets et leur mise à jour s‘avère onéreuse. De plus, les techniques de développement d’empreintes sont de plus en plus complexes, donc leur exécution par des spécialistes formés devient une nécessité.

En 2012, la Sûreté du Québec fait l’acquisition d’un nouveau système informatique de recherche d’empreintes, le MorphoBIS. Ce système améliore encore plus la gestion et la capacité de recherche des fiches d’empreintes.

Les techniques et la technologie associées à la science judiciaire ne cessent d’évoluer depuis sa démocratisation au début du 20
e siècle. La Sûreté du Québec bénéficie de cette démocratisation et elle continue de profiter des avancements dans ce domaine assez récent.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Léon Lambert devient chef de la Division de Québec

18 mai 1932

La mort du chef Augustin McCarthy en 1932, à l’âge de 75 ans, permet au gouvernement de donner à la Division de Québec une direction aussi solide que celle de Montréal. Léon Lambert, un militaire, devient en mai 1932 chef de la Police provinciale de la Division de Québec. Ancien lieutenant-colonel de milice et comptable, il est un partisan de la discipline et de l’apparat.

« Désintéressement, loyauté, détermination » est sa devise. Comptable de formation, il a servi dans l’administration militaire avant d’être nommé superviseur financier pour le département fédéral de l’impôt sur le revenu à Québec. En quelques années, il fait de la Police provinciale une gendarmerie disciplinée et efficace, qui sera à l’œuvre dans la plupart des conflits de travail de l’époque.

À son arrivée en poste, Léon Lambert dit constater les effets de la négligence des années précédentes : « aucun contrôle, aucune discipline, un corps absolument inefficace, un corps sans âme et sans tête ». Il suggère une première solution, soit l’application de la discipline et un entraînement régulier de type militaire. « On vous l’a dit. Je suis un partisan de la discipline rigide et je vous prie de croire que je la maintiendrai, mais vous serez traités avec justice », déclare-t-il à ses hommes. Une seconde solution consiste dans un suivi strict des policiers et des recrues. Leur productivité ainsi que divers aspects de leur personne, allant de l’intelligence à la tenue, sont évalués. De l’aveu de Léon Lambert, ces remèdes ne sont toutefois pas sans créer des tensions, et même des intrigues et complications.

L’arrivée des années 1960 et de la Révolution tranquille amène de profonds changements à la Sûreté provinciale, notamment la nomination d’un nouveau directeur général, Josaphat Brunet, un ancien officier supérieur de la Gendarmerie royale du Canada. Il a pour mandat d’effectuer un ménage dans les rangs de la Sûreté provinciale de même qu’une réforme des façons de faire de l’organisation.

Le 1
er mars 1961, Léon Lambert, une quasi-légende pour plusieurs, est transféré au ministère du Procureur général (Justice) à titre de conseiller technique. Il a passé presque 30 ans comme chef de la division de Québec. Son legs à la Sûreté provinciale demeure la mise en place d’une première structure véritablement disciplinée et paramilitaire ainsi que les prémices de la professionnalisation des effectifs policiers.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

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